Le verre passe au vert

Entre process moins énergivore, recyclage accru et bouteilles au régime minceur, l’industrie verrière carbure pour réduire son impact carbone, au profit de la filière viticole.

Sommaire :

  • Une feuille de route bien tracée
  • Place aux énergies décarbonées
  • Le calcin roi
  • Toujours plus de circularité
  • Des bouteilles poids plume

Une feuille de route bien tracée

L’emballage est aujourd’hui à l’origine de 30 à 40% du carbone émis par le secteur viticole. Mais plus pour longtemps. Signe d’une profonde mutation qui s’accélère, la Fédération des industries du verre a publié coup sur coup, sa feuille de route de la décarbonation auprès du Ministère de l’Industrie et un Plan de Transition Sectoriel élaboré avec l’ADEME*. Ainsi rappelait Jacques Bordat, président de la FIV, en juillet dernier : « les verriers s’engagent et investissent dès maintenant dans des actions et des projets afin de décarboner leur production. » Verallia, 1er producteur européen d’emballages en verre pour les boissons et les produits alimentaires, a pour sa part arrêté sa stratégie en 2020. Son ambition : réduire de 46% ses émissions de CO2 d’ici 2030 par rapport à 2019 (scope 1 et 2)**, en innovant d’abord dans la technologie de fusion.

Place aux énergies décarbonées

 « L’essentiel des émissions de gaz à effet de serre des verriers est généré par le processus de fabrication » explique Marie-Astrid Gossé, directrice marketing de Verallia groupe. « C’est pourquoi nous avons mis en service en mars 2024, un four électrique dans notre usine de Cognac, qui permet de réduire l’empreinte carbone de 60% par rapport à un four traditionnel fonctionnant principalement au gaz. » La construction de fours hybrides (80% électricité/20% gaz) suit la même logique. L’américain O-I Glass a injecté environ 65 millions de dollars dans son usine de Veauche (Loire) pour équiper en 2025, l’un de ses fours de cette technologie et d’un système de récupération de chaleur et de préchauffage de l’air. Le démarrage du premier four hybride Verralia est aussi prévu en 2025 en Espagne (Saragosse), et en 2026 en France, à Saint-Romain Le-Puy (Loire). Enfin, le site de Tourres & Cie de Saverglass au Havre (Seine-Maritime) sera équipé de même en 2027.

Le calcin roi

Par ailleurs, plutôt que de puiser dans les ressources naturelles, les verriers ont désormais recours majoritairement au calcin, constitué de débris de verre issus du recyclage. « Dix points de calcin en plus dans les fours réduisent de 5% l’émission de CO2 et de 2,5% l’énergie consommée » pointe Marie-Astrid Gossé.«Cependant, la disponibilité de ce matériau varie en fonction des zones géographiques. Ce qui suppose d’améliorer la collecte des déchets en verre. » Dans cette optique, Verallia investit dans ses 19 centres de traitement du calcin installés dans huit pays, notamment pour améliorer le tri optique et ainsi optimiser la qualité du calcin réinjecté dans les fours.

Toujours plus de circularité

Le réemploi est un autre moyen de développer la circularité des emballages en verre. Car, comme le souligne la responsable marketing, « dans un système mature, la réutilisation après reconditionnement peut diviser par quatre la consommation énergétique et les émissions de CO2 des bouteilles en verre» D’autant que ce matériau semble avoir été taillé à cette fin. « L’emballage en verre est recyclable à 100% et à l’infini ; facile à réemployer car inerte, mono-ingrédient et transparent. Solide, il résiste également aux lavages. »Marie-Astrid Gossé en est persuadée : « en plus des efforts à poursuivre sur ce volet, la consigne créera des opportunités pour le verre, à condition d’arriver à reconstruire tout un écosystème. » Qu’ils soient à usage unique ou réemployables, les contenants en verre finissent par être recyclés en de nouveaux emballages avec un taux de collecte de 80,2% en Europe.

Des bouteilles poids plume

Dernier levier à actionner : l’écoconception. « Au-delà de l’impératif écologique, beaucoup de domaines viticoles sont soucieux d’alléger leurs emballages notamment à l’export. Des monopoles comme la SAQ au Canada ou Systembolaget en Suède fixent en effet un poids à ne pas dépasser » souligne Marie-Astrid Gossé. Par conséquent, de nouvelles gammes, plus légères, sont régulièrement développées, en conservant les caractéristiques techniques et esthétiques des bouteilles initiales. La réduction induite de l’impact carbone bénéficie à toute la chaîne de valeur y compris le transport. « Le process suppose toutefois des outils de modélisation de pointe pour estimer la répartition optimale du verre dans le cadre de l’allègement, des systèmes de contrôle poussés sur les lignes de production puis des tests pour s’assurer de la totale résistance des bouteilles » poursuit Marie-Astrid Gossé. En juillet 2024, Verallia a validé ceux de sa bouteille champenoise Ecova 2, en partenariat avec la Maison Telmont : elle pèse 800 grammes, soit 35 de moins que la version précédente et 100, par rapport au modèle classique. Une différence invisible à l’œil nu mais bien perceptible à l’échelle de l’environnement.

Florence Jaroniak. © Adobestock

*ADEME : agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

**Le scope 1 correspond aux émissions de gaz à effet de serre directement émises par les activités de l’entreprise ; le scope 2 couvre les émissions indirectes liées à l’énergie, se produisant hors du site de l’entreprise.

Sources :

https://www.adelphe.fr/mieux-nous-connaitre/actualites/plans-prevention-deco-conception

https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/enjeux/d%C3%A9carbonation/feuille-de-route-verre.pdf

https://investors.o-i.com/News-Events/news/news-details/2024/O-I-Glass-to-Invest-65-Million-in-Electrification-and-Decarbonization-in-Veauche-France/default.aspx

Des vignobles à l’âge de pierre

Ses valeurs tant esthétiques qu’écologiques ne sont plus à prouver. La pierre sèche, longtemps délaissée, remonte la pente dans les domaines viticoles, poussée par des initiatives collectives et individuelles.

Sommaire :

  • Un patrimoine multiservices
  • Du coup de pouce financier à la formation
  • La renaissance en bonne voie

Un patrimoine multiservices

Imaginez les vignobles de Côte-Rôtie, de la Côte Vermeille, de la vallée du Douro au Portugal ou encore du Lavaux en Suisse, sans leurs terrasses. Ils perdraient leur identité et bien plus. Car les murets en pierre sèche, qu’ils permettent de cultiver des sols pentus ou délimitent des parcelles, n’offrent pas seulement un atout paysager. Ils répondent aux enjeux environnementaux d’aujourd’hui : régulation thermique, lutte contre l’érosion des sols et le risque d’incendie, gestion de l’eau, refuge de biodiversité… Las, ces ouvrages édifiés depuis des millénaires, sans liant ni ferraillage, sont souvent en mauvais état ou ont été rénovés à la va-vite, au risque de perdre leur valeur patrimoniale et leurs fonctions. Un constat qui a conduit l’Association des Climats du vignoble de Bourgogne à initier, en précurseur, un dispositif d’aide à la restauration du petit bâti viticole : murets, cabottes (abris), portes de Clos… « Tout est parti de l’inscription des Climats au patrimoine mondial, en juillet 2015. En reconnaissant à la fois un modèle de viticulture unique au monde et tous les éléments constitutifs de son paysage, l’UNESCO a attiré l’attention sur un marqueur identitaire et la nécessité de le sauver » relate Nathalie Hordonneau-Fouquet, responsable Patrimoine et Médiation au sein de l’association, qui a recensé plus de 220 kilomètres de murs sur son territoire.

Du coup de pouce financier à la formation

« Cet inventaire nous a appris que les propriétaires n’avaient aucun moyen de restaurer ce patrimoine correctement, faute de conscience suffisante sur son rôle et d’aide publique spécifique. » D’où l’instauration d’un fonds, abondé par une première collecte réussie à l’international. Certes, les matériaux sont souvent récupérés sur place, mais la mise en œuvre coûte cher : « 25 à 30 % de plus qu’une construction contemporaine, les travaux étant, par contre, moins conséquents. » En six ans, le nombre de projets publics et privés accompagnés sur le périmètre du site inscrit est ainsi passé d’une vingtaine à 240. Ils représentent 7,5 millions d’euros de travaux, financés à hauteur de plus de 3 millions par ce dispositif. « En parallèle, nous sensibilisons les propriétaires lors de rencontres, d’ateliers, et par des formations grâce à un partenariat avec le CFPPA* de Beaune. Un module dans les cursus offre des bases aux futurs salariés et exploitants pour l’entretien courant des ouvrages » ajoute Nathalie Hordonneau-Fouquet. Dans la foulée, ces chantiers ont relancé un savoir-faire en perte de vitesse, désormais reconnu, lui aussi, par l’UNESCO : le territoire compte trois entreprises spécialisées, contre un seul murailler en 2018. Le travail, lui, se poursuit avec d’autres associations par le biais du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté pour mener des actions communes et trouver des financements européens, ou avec l’Etat, pour mettre en place des sites classés au titre de la loi paysage de 1930.

La renaissance en bonne voie

Il reste du pain sur la planche, mais la dynamique est en marche. Elle a, entre autres, les traits de Florence Monmousseau qui a acquis avec son mari, La Grange De Bouys à Roujan dans l’Hérault, en 2010. « Les centaines de mètres de murets soutenant les coteaux étaient masqués par la végétation. En découvrant leur mauvais état, j’ai décidé de me former avec l’association Pierres Sèches sauvegarde du patrimoine, à Faugères, puis de façon plus professionnelle avec les Muraillers Languedociens. » Résultat, la vigneronne a en grande partie restauré son patrimoine, mais aussi créé des escaliers et des passages entre parcelles. Avec une passion telle, qu’elle a fini par adhérer à la Fédération Française des Professionnels de la Pierre Sèche et n’hésite pas à sensibiliser d’autres domaines. « Des aides financières existent et la formation est accessible si on la cherche, notamment via les parcs naturels régionaux. Il ne faut non plus avoir peur de se retrousser les manches » souligne Florence Monmousseau. Le jeu en vaut la chandelle. « Une pierre après l’autre et nous voilà partis pour 50 ans avec un mur dont la résilience est sans commune mesure avec le béton ! »

Florence Jaroniak, ©Association des Climats-PM

*Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole

Liens utiles :

Fédération Française des Professionnels de la Pierre Sèche : https://www.professionnels-pierre-seche.com

Les Climats du vignoble de Bourgogne / dispositif dédié : https://www.climats-bourgogne.com/fr/dispositif_638.html

Cartographie des initiatives de la pierre sèche en région Sud

S.P.S (réseau international) : http://pierreseche-international.org/

Œnotourisme, mode d’emploi

Nuit chez le vigneron, participation aux vendanges, ateliers mets et vins… Le succès du tourisme vitivinicole ne se dément pas et les marges de progression restent importantes. À condition de savoir structurer et promouvoir son offre pour qu’elle tienne la distance.

Sommaire :

  • Que représente l’œnotourisme en France ?
  • Pourquoi se lancer dans cette activité ?
  • Comment tirer son épingle du jeu ?
  • Quel est l’intérêt du travail en réseau ?

Que représente l’œnotourisme en France ?

Quel paradoxe ! Si la première route des vins française a vu le jour en Bourgogne en 1937, c’est la Californie que l’œnotourisme a pris pour berceau, dans les années 70. Puis il a tracé son chemin au sein des chais du Nouveau monde, avant de gagner l’Europe, une décennie plus tard… Bilan ? Selon Atout France, agence de développement touristique nationale, la France accueille 10 millions d’œnotouristes par an, à 42 % étrangers, pour une dépense de 5,2 milliards d’euros. Ces chiffres, établis en 2016, n’ont pas été réactualisés, mais la dynamique se poursuit. « Grâce au travail de fond mené par les institutionnels depuis 20 ans, le bordelais s’est hissé au rang des destinations oenotouristiques majeures dans le monde. Pourtant, au départ, les domaines ne voyaient pas l’intérêt d’ouvrir leurs portes puisqu’ils vendaient leur vin sur la place de Bordeaux et non à la propriété » relate Catherine Leparmentier Dayot, directrice générale du réseau des Great Wine Capitals.*

Pourquoi se lancer dans cette activité ?

Toutes les régions viticoles ont ainsi pris le train en marche, un peu poussées par la crise. Et pour cause. Cette forme de tourisme dynamise les ventes au caveau et représente une source de revenu différenciée, moins tributaire des aléas météorologiques que la viticulture. En moyenne, un domaine augmente de 20 % son chiffre d’affaires en proposant des prestations oenotouristiques. Surtout, le vigneron a entre les mains, un formidable outil marketing, gage de contact direct, instructif, avec les consommateurs et promesse d’une notoriété accrue. « Quand les visiteurs repartent avec de bons souvenirs, ils auront tendance à choisir votre marque lorsqu’ils la retrouveront au restaurant ou chez un caviste » souligne Catherine Leparmentier Dayot.À une nuance près : « La visite suivie d’une dégustation ne suffit plus. Pour que le modèle économique fonctionne, il ne faut plus s’adresser seulement à l’amateur de vin mais au touriste. Et ce touriste veut vivre des expériences mémorables. »

Comment tirer son épingle du jeu ?

Alors place à l’imagination. De la journée thématique au programme complet – hébergement, restauration, animation -, chacun décidera selon ses objectifs et ses capacités, en suivant quelques principes pour mettre plus de chances de son côté. D’abord, la qualité d’une prestation reste la clé du succès : elle passe des horaires respectés et du personnel formé. « Sans forcément être complète, l’offre doit se démarquer et comporter un aspect gastronomique, car il fait partie du plaisir attendu, sous forme d’un atelier vins et fromages, par exemple. En outre, proposer régulièrement des événements est un moyen de faire venir et revenir les clientèles locales, souvent en semaine et hors saison » ajouteCatherine Leparmentier Dayot.Chacun l’aura compris :plus structurées, ces nouvelles activités représentent un second métier qui nécessite du temps et de l’argent. Avant d’investir, « une étude de marché s’impose donc pour connaître l’attente des clientèles, les propositions existantes, les tarifs pratiqués et réfléchir à son positionnement. »

Quel est l’intérêt du travail en réseau ?

Une fois l’offre créée, reste à la faire connaitre, via « un site internet efficient, bien référencé, au minimum bilingue et une présence active sur les réseaux sociaux, en veillant à sa e-réputation » estime l’experte. L’union faisant la force, nouer des liens avec les interprofessions et syndicats viticoles, chambres d’agriculture et de commerce, comités départementaux, régionaux et offices du tourisme, autres prestataires… s’avère également un facteur essentiel pour la mise en marché et la promotion. S’inscrire dans certaines démarches renforce l’efficacité du réseautage : les labels, comme « Vignobles & Découvertes » d’Atout France, et les concours, comme Best Of Wine Tourism. Enfin, coup de pouce à la commercialisation, « les plateformes de réservation en ligne spécialisées et les agences réceptives constituent des relais utiles pour de nouvelles clientèles, notamment internationales» conclut Catherine Leparmentier Dayot. Maintenant, à vous de jouer !

Florence Jaroniak,© pexels Sama Bairamova

*Créé en 1999 à l’initiative de la CCI Bordeaux Gironde, le Réseau des Capitales de Grands Vignobles (Great Wine Capitals Glogal Network) vise à favoriser les échanges commerciaux, touristiques et pédagogiques entre ses membres. Il organise notamment le concours Best Of Wine Tourism qui récompense chaque année les propriétés et prestataires proposant une offre œnotouristique originale et de qualité.

Bibliographie (en téléchargement gratuit sur le site d’Atout France) :

https://www.atout-france.fr/fr/catalogue/etudes-publications/tourisme-et-vin-reussir-la-mise-en-marche

https://www.atout-france.fr/fr/catalogue/rendez-vous/imex-america-2023

L’envol du « sans alcool »

Gages d’un mode de vie plus sain pour les consommateurs et sources de diversification pour les producteurs : les gammes désalcoolisées deviennent un marché à part entière. Poussés par les évolutions règlementaires, les vins sous signe de qualité sont en pleine réflexion sur le sujet.

Sommaire :

  • Une croissance sans modération
  • Offre alternative…
  • … Et montée en gamme
  • Des vins de terroir ?
  • En voie d’expérimentation

Une croissance sans modération

Certains signes ne trompent pas. Le premier salon professionnel des boissons désalcoolisées s’est tenu le 11 février 2024… un jour avant Wine Paris qui a, quant à lui, accueilli 50 % d’exposants supplémentaires dans la catégorieNo/Low par rapport à l’an dernier. Il faut dire qu’en 2023, 29 % des Français déclaraient consommer des boissons sans ou avec peu d’alcool, dont 45% des 18-25 ans. Par ailleurs, les projections suggèrent une hausse substantielle des ventes dans ce secteur au cours des prochaines années. D’après le cabinet américain Fact.mr, le marché mondial des vins désalcoolisés pourrait atteindre 5,2 milliards de dollars d’ici à 2033, contre 2 milliards en 2022.

Offre alternative…

Mais qui sont ces adeptes du degré zéro (ou presque) ? « À côté de ceux qui s’abstiennent pour des raisons médicales, religieuses, ou par gout, les deux tiers de nos clients sont des flexi-buveurs » témoigne Augustin Laborde, fondateur du Paon Qui Boit’, premier concept de cave sans alcool à avoir vu le jour à Paris, en avril 2022. Âgés de 30 à 40 ans ou seniors, ils « souhaitent continuer à boire de l’alcool, mais pas tous les jours et cherchent des substituts surprenants, de qualité, qu’ils prendront plaisir partager avec des amis » poursuit le caviste.Alors qu’il peinait à trouver des références il y a deux ans, il voit désormais les échantillons affluer tous les jours.

… Et montée en gamme

De grands domaines ont pris le train en marche, comme Château La Coste, Château Clos de Boüard ou Château Edmus. « La référence à des régions viticoles renommées tel Saint-Emilion rassure le consommateur » souligne Augustin Laborde qui constate également que « les techniques ont énormément progressé même si leur spécificité rend le désalcoolisé plus cher à produire. » En résultent des vins « de meilleure facture, avec moins de sucres et plus de finesse, voire une petite longueur en bouche » et qui choisissent volontiers le bouchon de liège pour affirmer leur qualité. Mais si le low « rappelle les codes du vin et certains arômes », la ressemblance s’arrête là, « surtout en rouge ». Pour éviter les déceptions, Augustin Laborde répète donc aux amateurs « qu’ils doivent gouter et ne pas comparer. »

Des vins de terroir ?

Alors que la filière s’est structurée en lançant le collectif du vin NO/LOW et que la réglementation européenne autorise dorénavant la désalcoolisation partielle des vins sous signes officiels de la qualité et de l’origine,le comité vins IGP de l’INAO s’est prononcé pour cette possibilité jusqu’à 6° vol. De là à penser que les AOC vont franchir le pas…  « Y aurait-il atteinte ou non au profil du vin et au lien au terroir ? Quel est le niveau d’acceptabilité de ce procédé pour les consommateurs au sein des AOC ? Difficile de répondre à ces questions majeures, faute de produits existants », estime Christian Paly, président du conseil des vins d’appellation à l’INAO. De surcroit, cette ouverture dans le monde des AOC impliquerait « la coexistence compliquée de deux types d’étiquetage. »

En voie d’expérimentation

Pour autant, pas question de rater le coche. Afin de pouvoir se positionner en connaissance de cause, le comité national de l’INAO a décidé d’offrir un cadre expérimental technique à des appellations régionales qui souhaiteraient analyser la problématique. Les Côtes du Rhône se sont déjà portées candidates. En parallèle, l’instance a commandé à France Agrimer une étude prospective concernant les vins AOC désalcoolisés. Christian Paly prévient : « Tant que nous n’aurons pas d’éléments formels de réponse, nous n’ouvrirons pas les cahiers des charges à la désalcoolisation. » Voilà qui est dit.

Florence Jaroniak.

©_Nikola Spasenoski/AdobeStock

Sources :

https://www.factmr.com/report/4532/non-alcoholic-wine-market
https://www.inao.gouv.fr/Nos-actualites/vins-igp-desalcoolisation#:~:text=La%20r%C3%A9glementation%20europ%C3%A9enne%20permet%20depuis,’%C3%A0%200%2C5%20degr%C3%A9s.

Rosé : le vin en poupe

Le retour des beaux jours annonce celui des vins rosés dont la consommation est justement au beau fixe. Après une période de tassement, le marché mondial marque un léger rebond. De nouveaux foyers de croissance sont apparus tandis que les appellations provençales poursuivent leur offensive sur le créneau premium.

Sommaire :

  • Dynamique de consommation et renouveau géographique
  • Les raisins du succès
  • Le rosé de Provence, version chic

Dynamique de consommation et renouveau géographique

Bonne nouvelle, le rosé retrouve des couleurs. « Après deux années de baisse, sa consommation a gagné 0,5 point entre 2021 et 2022, pour atteindre 19,6 millions d’hectolitres au niveau mondial », note Brice Amato, responsable du pôle économie et études au Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP). À contrario, « celle de l’ensemble des vins tranquilles a reculé de 2,6 % sur la même période et de 11,1 % en 10 ans, contre une hausse de 1,8 % pour le rosé ». Selon l’Observatoire mondial du rosé*, les principaux pays consommateurs et matures voient leur volume baisser, à l’exception de l’Afrique du Sud. Mais le repli enregistré en 2021 par la France (qui reste le leader incontesté) et les États-Unis s’est atténué. « Avec 1 litre de rosé consommé par an et par habitant, la croissance reste possible sur le marché américain, qui se détourne des blush sucrés et alcoolisés au profit des rosés secs et clairs », souligne Brice Amato. En outre, plusieurs pays ont renoué avec la croissance, comme le Canada. Grande tendance de 2022 : une diversification géographique au profit de pays peu ou moyennement consommateurs, à savoir l’Europe centrale et orientale, Roumanie en tête, et l’Asie-Océanie.

Les raisins du succès

Mais d’où vient cet engouement ? Simple à appréhender, le rosé a su s’adapter à différentes occasions de consommation et à des repas plus légers, ouverts aux cuisines du monde. D’autant que chacun peut trouver flacon à son goût, entre la diversité des cépages, des terroirs et des savoir-faire. Et, s’il reste le compagnon idéal des pique-niques et des apéros estivaux, le rosé s’invite sur la carte des restaurants, y compris l’hiver, comme en témoigne le lancement en 2009 du « Grain de Glace », par les Maîtres vignerons de la Presqu’île de Saint-Tropez. Enfin, il a gagné ses lettres de noblesse grâce à une meilleure approche des techniques de vinification — maitrise de température, choix des levures, gestion de l’oxygénation… — Avec des cuvées élevées en barrique, voire de garde. Les 18 grands crus provençaux, classés dès 1955, ont d’ailleurs contribué à cette progression qualitative. De même que le centre de recherche et d’expérimentation créé à Vidauban (Var) en 1999.

Le rosé de Provence, version chic

Cette montée en gamme s’est accompagnée d’une différenciation à l’aide de bouteilles « signatures » et d’un packaging innovant qui renforcent l’attractivité du rosé et son « lifestyle », mis en scène sur les réseaux sociaux. De fait, le CIVP a choisi, depuis 2023, de cibler les millennials, friands de rosé outre-Atlantique, via une nouvelle campagne de publicité. Ce positionnement premium à l’international est appuyé par des ambassadeurs de renom ou des célébrités devenues investisseurs. Sacha Lichine a donné le la, en 2006, lorsqu’il a vendu le Prieuré-Lichine pour racheter le Château d’Esclans, hissé au rang de produit de luxe. Depuis, d’autres lui ont emboité le pas. Brad Pitt et Angelina Jolie, Tony Parker, George Lucas, George Clooney, Ridley Scott, Kylie Minogue… À l’instar de LVMH, de grands groupes étendent aussi leur présence en Provence. Ainsi, Pernod Ricard a annoncé, le 22 avril 2024, la signature d’un accord pour acquérir le domaine Aux Terres de Ravel, afin de développer les cuvées Premium du château Sainte-Marguerite, qu’il possède avec la famille Fayard. Une ruée vers l’or rosé !

Florence Jaroniak.

 ©_Laurentiu lordache/Adobestock

*L’Observatoire mondial du rosé a été créé en 2002 par le Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP) et FranceAgriMer avec IWSR-Wine Intelligence. Les résultats de la nouvelle version seront disponibles fin juin/début juillet

L’IA, alliée de la filière

L’intelligence artificielle gagne du terrain, même dans un domaine réputé traditionnel comme celui du vin. En témoigne la multiplication des solutions conçues par des startups innovantes. Utilisées à bon escient, elles peuvent aider les acteurs du secteur vitivinicole à relever de nombreux enjeux. Vite et bien.

Sommaire :

  • L’IA, mode d’emploi
  • Un œil de lynx au vignoble
  • De la dégustation à l’achat
  • L’avenir de l’homme

L’IA, mode d’emploi

Simuler les capacités cognitives de l’humain : tel est le principe de l’intelligence artificielle. Née dans les années soixante et popularisée par ChatGPT, cette discipline s’impose désormais dans notre quotidien, non sans susciter craintes et fantasmes. « L’IA n’est qu’un outil parmi d’autres » démystifie Charles Nespoulous, président de la startup Chouette et membre du conseil d’administration de la WineTech*. Son intérêt est double : « automatiser des tâches répétitives et chronophages » et « traiter d’énormes quantités de données pour restituer rapidement la bonne information, au bon endroit, au bon moment et au bon format. » L’IA n’a d’ailleurs de sens, que si elle offre « un retour sur investissement », en réponse à des problématiques spécifiques. En amont, le changement climatique conduit les viticulteurs à revoir leurs pratiques. « Aujourd’hui, une erreur de gestion parcellaire peut vite mettre en péril l’exploitation, d’autant que la hausse des prix des matières premières et du matériel rogne les marges. » C’est là qu’intervient l’IA.

Un œil de lynx au vignoble

« Seuls 1 à 3% des pieds de vignes sont contrôlés de façon hebdomadaire » relate Charles Nespoulous. Depuis 2015, Chouette entend donc offrir une surveillance du vignoble, bâtie sur cette technologie. Le principe ? Un capteur, placé sur le tracteur, génère des images récupérées ensuite par des serveurs, puis traitées par des algorithmes. « L’IA a été entraînée à étudier jusqu’à 70 éléments différents, à partir d’une base de données de 35 millions d’images, construite sur toutes les régions. » En résultent un bilan de l’état du végétal -éventuelle maladie, vigueur… -, et surtout des recommandations pour éviter la perte de rendement, gagner en qualité, optimiser les choix tels que les stratégies de traitement.

De la dégustation à l’achat

Peu à peu, l’IA se diffuse à tous les maillons de la chaîne, notamment en marketing, pour créer des descriptifs ou des étiquettes, et même jusqu’au verre. Ainsi, la société bordelaise Winespace a développé Tastee, lauréat de la « meilleure nouvelle solution business » des V d’Or 2024. « Cet algorithme est capable d’analyser tout type de commentaire de dégustation textuel pour extraire l’ensemble des caractéristiques organoleptiques d’un vin. Il peut aussi comparer des profils et les segmenter, les classer par millésime, modéliser l’évolution gustative du vin, voire étudier l’influence du bouchon » explique Julien Laithier président de Winespace. Le Concours Mondial de Bruxelles l’a utilisé pour synthétiser ses milliers de rapports de dégustations et obtenir une fiche complète pondérée pour chaque vin (points forts et points faibles, profil aromatique et gustatif). Pionnier de la réalité virtuelle dans le secteur viticole, WineVision propose, lui, des visites immersives à 360° : vignes, cuverie, chai, caveau… Intégré au site internet du domaine, le parcours est accessible via différents supports (casques VR, téléphone, tablette…), utilise un chatbot, avatar du vigneron, pour répondre aux questions du consommateur et se transforme en showroom virtuel interactif, grâce à un QR code apposé sur les bouteilles.

L’avenir de l’homme

« Un visiteur « virtuel » sur 5 a envie de se rendre ensuite sur le domaine » affirme Matthieu Varon. Pour le co-fondateur de WineVision, « cet outil de communication aide le vigneron à se différencier et accompagne l’acte d’achat tout en augmentant le chiffre d’affaires. » Baisse de la consommation, bilan carbone, contrefaçons… La liste des enjeux auxquels l’IA peut répondre est longue. Son potentiel est immense, mais il a aussi d’heureuses limites. Au dernier salon ProWein, la Moldavie a présenté deux vins élaborés en utilisant l’IA comme aide à la décision tout au long du process. À l’issue d’une dégustation comparative, la plupart des personnes ont préféré le vin produit par l’homme…

Florence Jaroniak

 ©_shutterstock

*Née en 2016, la WineTech est un réseau qui connecte, promeut, forme les entreprises innovantes de la filière vin. Plus de 130 startups y adhèrent.

Vins de la vallée du Rhône, une palette de nectars à 360°

Sur 250 km, du nord au sud, le vignoble de la vallée du Rhône se déploie le long d’un fleuve de vie : le Rhône. Ici, les terroirs et les vins se conjuguent au pluriel. Quelles sont leurs caractéristiques ? Les cépages ? Plongée dans l’un des plus anciens vignobles du monde.

Sommaire :

  • De la culture ancestrale à aujourd’hui
  • La vallée du Rhône septentrionale et ses appellations mythiques
  • Les 4 cépages rois de la vallée nordiste
  • Au sud, la vallée du Rhône méridionale et l’art de l’assemblage

De la culture ancestrale à aujourd’hui

La vigne s’épanouit le long du Rhône depuis l’Antiquité. Les Romains ont développé sa culture. Dès le XIVe siècle, les nectars, alors appelés « Vins des papes » acquièrent une renommée internationale.

Aujourd’hui, le vignoble de la vallée du Rhône s’étend sur plus de 66 000 ha de vignes, soit, comme aime le dire ses acteurs  « près de 70 000 terrains de rugby ». En volume de vins en appellation, c’est le deuxième vignoble de France, après Bordeaux. 5 000 exploitations viticoles ont  produit 2,4 millions d’hectolitres de vin en 2023.

Dans ce vignoble, la palette des vins se conjugue au pluriel et à 360°. Avec des vins tranquilles en blanc, rosé,  une dominante à 74% en rouge, des vins doux naturels et des effervescents.

Avec ses 31 AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) dont 17 Cru, ce grand vignoble se divise en deux zones bien distinctes : au nord, la vallée du Rhône septentrionale et au sud, la vallée du Rhône méridionale. Sols, climat, cépages, tout est dans la différence entre ces deux territoires.  Notons que d’autres secteurs, du Vivarais au Luberon, en passant par le Diois, plus éloignés du Rhône, se rattachent à la région.

La vallée du Rhône septentrionale, ses appellations mythiques

Les vignes s’épanouissent sur de magnifiques coteaux étroits et pentus, souvent aménagés en terrasses soutenues par des murets de pierre. Les sols sont majoritairement granitiques ou schisteux. Dans un climat tempéré, sous influence continentale, la brise s’engouffre dans la vallée encaissée. Tout au long du Rhône, du nord au sud, les appellations  mythiques s’égrènent entre Côte-rôtie, Condrieu, Saint-Joseph,  Hermitage, Cornas…

Les 4 cépages rois de la vallée nordiste

En rouge, c’est la syrah qui s’impose. Elle livre des vins puissants et aromatiques sur les fruits rouges et noirs, la violette et des délicieuses notes épicées, sur le poivre et la réglisse, tellement caractéristiques de ce cépage.

En blanc, le trio viognier, marsanne et roussanne officie. Le viognier offre une bouche moelleuse. Son nez parfumé fleure le fruit jaune entre la mangue, la poire, l’abricot et les fleurs blanches. On le trouve à 100% dans les vins en appellation Condrieu et Château-Grillet. Et parfois, en Côte-rôtie, il s’ajoute, en pointe, à la syrah.

La roussanne, toute en finesse, exhale des parfums floraux sur le chèvrefeuille et l’iris. Elle s’associe régulièrement à la puissante marsanne aux arômes de fruits secs comme en appellation Saint-Joseph ou Hermitage.

Au sud, la vallée du Rhône méridionale et l’art de l’assemblage

Le vignoble méridional se dessine sur des plateaux et des collines en pentes douces. Les sols sont argilo-graveleux, de sables et de galets roulés. Le soleil brille 2 800 heures par an et un vent sec et violent, le mistral, balaye les nuages et réduit l’humidité.

L’art de l’assemblage

Ici, les nombreux cépages sont vinifiés en assemblage. En rouge, le roi est le grenache. Ce gourmand cépage livre des vins aux arômes de fruits noirs, comme le cassis et la mûre. En vieillissant, il fleure les épices et la garrigue. Il s’assemble  notamment avec la syrah, le mourvèdre, ou encore le cinsault et le carignan. 

Dans la prestigieuse appellation Châteauneuf-du-pape, 13 cépages différents peuvent rentrer dans l’assemblage des vins en rouge et en blanc. Le grenache noir reste dominant pour les rouges. Il se plaît sur ses magnifiques et étonnants sols de galets roulés, chariés jadis par le Rhône qui absorbent la chaleur du soleil pendant la journée et la restituent la nuit.

Dans cette vallée sudiste, les rosés s’assemblent souvent avec les mêmes cépages que les rouges. Comme dans l’appellation Tavel, la plus ancienne AOC de France dédiée exclusivement aux vins rosés.

En blanc, l’alchimie se fait avec du grenache blanc, de la clairette, du bourboulenc, de la roussanne, de la marsanne ou du rolle entre autres.

Du nord au sud,  des nectars légers aux grands crus de garde, les vins de la vallée du Rhône invitent aux balades oenotouristiques pour déguster ces crus mythiques ou découvrir ces appellations montantes telles que Rasteau, Cairanne et bien d’autres encore.

Anne Schoendoerffer

Sources : www.vins-rhone.com , Anne Schoendoerffer

 ©AdobeStock_Africa Studio

Les vignobles de Bordeaux : quelle est votre rive ?

Les vins de Bordeaux ont toujours fait parler d’eux. Ce vignoble aux 65 AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) possède de très beaux terroirs. Rive gauche ? Rive droite ou l’Entre-deux-Mers ? (Re)découverte de cette célèbre région viticole.

Sommaire :

  • Point sur le vignoble de Bordeaux
  • Rive gauche, rive droite ou l’Entre-deux-Mers ?
  • Les terroirs exceptionnels de la rive droite
  • Les célèbres Châteaux de la rive gauche
  • L’Entre-deux-Mers : « sa couleur, c’est le blanc »

Point sur le vignoble de Bordeaux

Le vignoble de Bordeaux s’étend sur 108 000 hectares de vignes. Il est géré par 5 300 vignerons, 29 caves coopératives et 3 unions ainsi que 300 maisons de négoce. Son vignoble génère 60 000 emplois directs et indirects qui sont pour l’essentiel non délocalisables.

La production annuelle 2022 est de 4,1 millions d’hectolitres, soit l’équivalent à 548 millions de bouteilles. Comme les bordelais aiment le dire « 18 bouteilles de vins de Bordeaux sont vendues chaque seconde dans le monde ». La production est très majoritairement en rouge à 85%. Le reste se répartit à 7% en blanc, 4% en rosé et 2% en crémant.

Rive gauche, rive droite ou l’Entre-deux-Mers ?

Le vignoble de Bordeaux, c’est une histoire de géographie. Pour comprendre ses 65 AOC, soit ¼ des appellations françaises, découvrons ses trois grandes zones.

Tout commence avec l’estuaire de la Gironde et plus en amont avec la Garonne et la Dordogne qui s’y jettent. Avec le vignoble de la rive droite au nord de la Dordogne et celui de la rive gauche, au sud de la Garonne. Et l’Entre-deux-Mers qui se situe, comme son nom l’indique bien, entre les deux fleuves.

Les terroirs exceptionnels de la rive droite

Au nord de Bordeaux, naissent les vins prestigieux des crus classés de Saint-Emilion avec comme star le Château Ausone et le Château Cheval Blanc. Ou encore sur l’appellation Pomerol, le célèbre Pétrus.

Dans ce climat tempéré, aux sols principalement argileux (et également composés de calcaire, de sable ou de graves), le Merlot est le cépage roi. A Saint-Emilion ou à Pomerol, il est utilisé majoritairement en monocépage ou parfois en assemblage avec le cabernet franc et le cabernet sauvignon.

Les vins de la rive droite sont considérés comme étant souples et équilibrés. En général, ils se dégustent plus facilement dans leur jeunesse que les vins de la rive gauche.

Les célèbres Châteaux de la rive gauche

Au sud, non loin de Bordeaux, les châteaux se font stars. Comme Château Margaux, Château Cos d’Estournel, Château Haut-Brion, Château Lafite-Rothschild ou Mouton-Rothschild. Entre autres. La renommée internationale de ces vignobles prestigieux tient aussi à leurs grands classements.  Le classement officiel des vins du Médoc de 1855, le classement des crus classés de Graves de 1953 et le classement officiel des Sauternes de 1855.

Le cépage roi sur cette rive est le cabernet sauvignon. Il s’assemble avec le merlot (ici minoritaire) et livre des vins puissants qui se subliment avec l’âge.

En blanc, dans le sauternais, où se trouve le Château Yquem, le sémillon et le sauvignon blanc sont les principaux cépages de ses grands vins blancs liquoreux. Le microclimat de ce terroir est favorable au développement d’un champignon, le botrytis, à l’origine de ces nectars dorés.

L’Entre-deux-Mers : « sa couleur, c’est le blanc »

Située entre la Garonne et la Dordogne, l’Entre-deux-Mers est considérée comme la plus grande région viticole du Bordelais. La couleur de ses vins  ? Très majoritairement le blanc. Avec comme star, le sauvignon. Dans l’appellation, il s’assemble avec le sémillon et la muscadelle. Notons que depuis le millésime 2023, les vins rouges sont passés en appellation d’origine contrôlée.

Alors rive gauche, rive droite, ou l’Entre-deux-Mers ? Une chose est sûre. Le vignoble Bordelais se réinvente et se tourne vers ses consommateurs. Avec des bouteilles plus accessibles tant dans leur nectar que dans leur packaging, grâce à ses vigneron(ne)s engagés dans les démarches environnementales. A (re)découvrir sur place sur les routes du vin de Bordeaux.

Anne Schoendoerffer

Sources : www.bordeaux.com/fr , Anne Schoendoerffer,  ©AdobeStock_Igor Normann

Quelles sont les forces et les tendances des acheteurs de vin bio en France ?

Dans le cadre de l’observatoire européen de la consommation de vins biologiques, les organisateurs du salon Millésime Bio*  via le cabinet Circana ont interviewé en septembre dernier, 1054 acheteurs de vins bio. L’objectif : déterminer une typologie de l’acheteur français de vins bio.

Quelles sont les forces de ce marché ? Quelles sont les tendances positives ? Point sur les résultats de cette étude.

Sommaire

  • Quel marché et quelles surfaces ?
  • Quelles sont les forces du marché du vin bio ?
  • Quelles sont les tendances positives aux achats de vin bio ?
  • Quel prix et pourquoi le bio ?

Quel marché et quelles surfaces ?

Malgré un contexte tendu pour le secteur du vin et pour le bio alimentaire,  » la filière des vins bio affiche sa bonne santé. Elle est en pleine croissance avec un chiffre d’affaires en hausse de 6,3 % en 2022″ pointe Nicolas Richarme, le président de Sudvinbio.  En 5 ans, son marché a augmenté de 50%, passant de 444 millions en 2012 à 1,463 milliards d’euros en 2022.

Et le vignoble français devient de plus en plus bio. Il est passé de 78 471 hectares en 2017 à 170 806 en 2022.

Quelles sont les forces du marché du vin bio ?

C’est grâce à la spécificité de ses circuits de distribution que les vins bio résistent. Pour Nicolas Richarme, sa première force est « la vente directe ».  Elle représente 30% et sa progression est de 5% en 2022. Son autre force est l’export avec 38% (+2% en 2022).  Comme le  précise Christophe Ferreira, le consultant du cabinet Circana : « A l’export, la marge de développement est importante ».

La croissance est également présente en CHR (+ 12 %) et chez les cavistes (+ 8 %). Ces bons chiffres compensent les circuits qui régressent en grande distribution (- 7 %) et dans les magasins spécialisés bio (- 7 %).

Quelles sont les tendances positives aux achats de vin bio ?

Cette filière continue de recruter des nouveaux clients. « Sur les 12 derniers mois, 39 % de néo-acheteurs de vin bio ont été enregistrés, avec des profils plus jeunes avec 12% de moins de 25 ans. Ils sont aussi  plus diversifiés socialement », explique Christophe Ferreira.

Des achats en croissance

37 % des acheteurs ont augmenté leurs achats de vin bio au cours de l’année, alors qu’ils sont 11 % à les avoir réduits. Et ils sont 32 % à prévoir les augmenter à l’avenir, contre 12 % qui pensent les réduire.

Cerise sur le gâteau, ces consommateurs de nectar bio font gagner des parts de marché au bio.

Comment ? Parce que 92 % des acheteurs de vin bio sont mixtes (bio et non bio). Ils achètent en moyenne 42 % de vins bio et 58 % de vins non bio. Or, ceux qui prévoient d’augmenter leurs achats de vin bio sont plus nombreux que ceux qui prévoient d’augmenter leurs achats de vins non bio.

Quel prix et pourquoi le bio ?

A quel prix ?

Plus les acheteurs cherchent des vins de qualité, plus ils considèrent que le vin doit être bio.

Entre 5 et 10 euros, 27 % des acheteurs de vin bio estiment qu’il est indispensable qu’un vin soit bio. Au-dessus de 15 euros, ils sont 36 %.             

Pourquoi achètent-ils des vins bio ?                            

71 % des acheteurs de vin bio se disent motivés par des préoccupations environnementales. La confiance et la santé sont aussi des critères importants. Mais ils sont également 33 % à expliquer qu’ils achètent du bio de façon « passive » : le bio n’est pas en effet le premier critère de l’achat mais ils achètent bio car les vins qu’on leur conseille ou qui ont leurs préférences sont bio.

Comme le dit Christophe Ferreira, « le vin bio est un marché atypique par rapport aux autres produits de la filière bio ». Avec une belle dynamique de croissance et des tendances favorables aux achats de vin bio.

 Anne Schoendoerffer,©Canva_shotprime

Sources : AgenceBio, MillésimeBio/Sudvinbio

*Le salon Millésime Bio, le plus grand salon de vin bio au monde, se tient pour sa 31ème édition à Montpellier du 22 et 23 janvier 2024 en digital, et en présentiel du 29 au 31 janvier 2024

Rome : découvrir le vignoble du Latium

Lorsque l’on pense à Rome, on cite le Colisée, le Vatican, le Panthéon, l’énergie de la capitale italienne, et tant d’autres incontournables. Et ses vignes ? Hormis les romains, le vignoble du Latium (nommé Lazio en italien) est peu connu. Quelle est son histoire ? Quels sont ces cépages ? Découverte d’un vignoble séculaire qui grâce à la nouvelle génération est en train de s’ouvrir à l’international.

Sommaire :

  • Les vins du Latium, entre héritage séculaire et modernité
  • Le vignoble du Lazio
  • Les cépages indigènes
  • Oenotourisme dans le latium

Les vins du Latium, entre héritage séculaire et modernité

L’histoire du vin dans le Latium remonte aux étrusques. Sa production, à l’Antiquité. Les vignobles étaient présents dans la Rome antique. Et dans tout l’Empire romain, les vins locaux étaient réputés.

Cette tradition viticole a traversé les siècles. Aujourd’hui la jeune génération, souvent féminine, perpétue cette histoire viticole séculaire en l’ancrant dans le XXIème siècle. Comme au domaine Merumalia, géré par deux jeunes femmes qui allient tradition viticole, agriculture biologique et modernité du lieu et des vins. Ou à Casale Vallechiesa, qui s’inscrit dans l’innovation pour améliorer à la fois l’expérience de ses clients et la production, via la blockchain.

Le vignoble du Lazio

Les 18 000 hectares de vigne s’étendent tout autour de la capitale, majoritairement sur des collines douces. Son climat méditerranéen, malgré le changement climatique, reste propice à la culture de la vigne. Les sols sont variés, allant des sols volcaniques aux sols argileux.

Les producteurs s’ouvrent à l’agriculture biologique depuis 2014. Selon l’ARSIAL (L’Agence Régionale pour le Développement et l’Innovation de l’Agriculture du Latium), 14% du vignoble régional est en bio (+45% par rapport à 2014).

Les 400 caves du Lazio produisent en moyenne 0,8 million d’hectolitres de vin par an, à 75% en blanc et 25% en rouge. Sur leurs 6 IGP (Indication Géographique Protégée) et 27 AOP (Appellation d’Origine Protégée, DOP en italien), une vingtaine est dédiée à la production de vin blanc.

Les vins du Lazio, jusqu’ici consommés très majoritairement par les romains, sortent du marché local. Les exportations de vins « made Lazio » ont augmenté de +20,4% par rapport à 2020, selon Istat-Qualivita.

Les cépages indigènes

Les vins du Latium tirent leur caractère des cépages autochtones, présents depuis des siècles.

La base ampélographique régionale recense 94 cépages avec 45 raisins blancs, 42 raisins noirs, 2 raisins roses et 1 raisin gris.

En blanc, les stars indigènes sont le Trebbiano et la Malvasia. En AOP Frascati, une des plus emblématiques de cette région, l’assemblage se fait en Malvasia, Trebbiano, et Bellone. Ces vins sont sur la fraîcheur et la vivacité.

En rouge, le roi incontesté est le Cesanese aux faibles rendements et qui mûrit tard. Il livre des jolis arômes de cerise et d’épices. Parmi, les autres cépages rouges indigènes, citons le vigoureux Nero Buono.

Oenotourisme dans le latium

Dans le latium, l’oenotourisme se conjugue entre richesse culturelle et gastronomique. De la culture antique, à la vie romaine trépidante, le Vatican, la gastronomie et les vins, tout est réuni pour vivre une expérience œnotouristique riche. Les domaines familiaux, comme Villa Simone ou des caves coopératives qualitatives plus vastes, telle Cincinnato, sont souvent ouverts tous les jours. Tradition oblige, les romains continuent aujourd’hui encore, de venir régulièrement chercher leur vin directement au domaine. Munis de leur dame jeanne pour les plus romantiques ou les mains vides afin de repartir avec leur Bag in Box pour les plus modernes.

Explorer de nouveaux horizons vitivinicole dans le vignoble du Latium est une belle idée.

Anne Schoendoerffer ©AdobeStock_margot

Sources : https://www.arsial.it/ , Anne Schoendoerffer